Notre porte
monnaie ravigoté par une semaine de travail dans les vignes
industrielles de Blenheim, est de nouveau prêt à subir les affres
des dépenses sans fin des touristes en vadrouilles que nous sommes.
Oui nous revoilà sur la route avec pour objectif de faire du kayak
dans le parc national Abel Tasman, sans trop savoir ce qui nous
attend.
Avant de
quitter les plaines chaudes et sèches du Marlborough nous voulons
absolument voir un vignoble dénommé « Highfield » et
réputé pour son bâtiment au style toscan. Lassé par les bâtiments
carrés et sans âmes de la Nouvelle Zélande (oui je suis dur mais à
part quelques grosses ville où ils ont fait des efforts, le reste
c'est sans intérêt, la faute à un passé trop récent) nous nous
rendons là bas. Le vignoble est vallonné et de loin nous apercevons
le bâtiment rouge en terre cuite et sa tour. Effectivement ça
change et on se croirait ailleurs, l'illusion est presque parfaite.
De près c'est moins reluisant, ce n'est qu'un bâtiment récent sans
trop de détails. Sur ce nous filons vers Havelock, il paraît (selon
le guide encore) qu'il faut manger des moules là haut.
Havelock
c'est censé être un petit village de pêcheurs typique. En réalité
c'est surtout un patelin pommé, traversé par une nationale. Pas de
petit ponton en bois sympa qui s'avance sur l'eau et point non plus
de petits restaurants de fruits de mer sur la côte. A la place il y
a une marina mal indiquée qui sent le pétrole. Bon en plus il est
16h, pas vraiment l'heure de manger des moules frites, nous filons.
La route
nous fait passer par une ville au climat doux, similaire à celui de
Belnheim, il s'agit de Nelson. Un paquet de vieux Néo-Zélandais
avec un peu d'argent sont là bas car il y fait bon vivre. On peut
confirmer cela. Nous sommes arrivés un dimanche en fin d'après
midi. Nous cherchions un endroit tranquille pour dormir. Premier
réflexe, zieuter près des parcs. Nous en voyons un grand sur la
carte et en plus il y a une colline avec le centre de la Nouvelle
Zélande. Vous savez sur l'autoroute vers l'Auvergne il y a le centre
de la France, très précisément calculé. Pareil en haut de cette
colline. Impossible de passer à côté, nous grimpons vers les
coordonnées centrales du pays ! Nos efforts sont récompensés
par une magnifique vue de Nelson éclairée par une chaude lumière
du soir. La ville est traversée par une petite rivière au sud, elle
est longée par une piste cyclable très verdoyante. L'endroit est le
repère des sportifs et des gens esclaves des besoins de leurs
chiens. Nous passons la nuit sur un parking paisible le long de la
rivière sur lequel il n'y pas de panneau « No overnight
camping », ce qui est très rare dans ce genre de petits
endroits sympa. Nelson nous a fait une bonne impression, la ville a
quelques beaux atouts. Des efforts ont été fait sur l'église.
Reconstruite récemment dans un style semi-traditionnel, semi moderne,
elle a été achevée dans les années 70. Il y a quelques rues
bordées de platanes, des bars sympa et un bout de rue piétonne très
agréable qui fait face au grand escalier qui mène à la fameuse
église. C'est le genre de ville où vous avez envie d'écumer tous
les petits restaus et bar sympa disséminés un peu partout. Notre
porte monnaie ne nous permet pas cette excentricité, cap vers Abel
Tasman !
Le parc
national Abel Tasman tant vanté par les guides et les brochures,
c'est un peu la destination phare des kiwis en vacances. Il y fait
chaud et beau et l'eau est presque turquoise, en tout cas elle donne
sacrément envie d'y plonger. Nous nous renseignons pour savoir
comment faire du kayak le long de la côte. Rien de compliqué au
premier abord, mais vu que rien n'est simple dans la vie, il faut
bien se renseigner et choisir la bonne formule. Car si vous passez
par le cartel des entreprises de kayak comme nous vous ne faites pas
ce que vous voulez ! Il y a des formules avec et sans guide.
Plus vous faites chauffer la carte et plus vous en prenez plein la
vue en remontant la côte. On vous propose de vous remonter en
« Water taxi » pour redescendre sans efforts dans le sens
du courant en kayak, on vous propose aussi des pique nique sur des
plages, des nuits dans des refuges pour des périples de plusieurs
jours, tout est cadré. Nous choisissons une formule pas trop chère
qui consiste à faire du kayak jusqu'à la baie de Anchorage et de
revenir à pied.
Le matin
nous arrivons au taquet à 8h30 sur le parking de notre compagnie de
kayak. Après d'interminables consignes de sécurité et un cours de
conduite de kayak digne d'une leçon de pilotage d'A380, on nous
emmène enfin sur la plage, il est 10h30. La journée est
ensoleillée, nous ramons sur une mer brillante en longeant la côte.
Les récifs blancs sont bordés de végétation et de petites criques
cachées dont certaines désertes puisque aucun accès par la terre.
Une île nous fait de l'oeil, on fait une embardée, poussé par des
envies de Robinson Crusoé. Une petite crique accueille notre kayak
jaune biplace et nous sortons nos vivres préparés le matin même.
L'eau turquoise est une invitation en forme de mirage à la baignade.
Au premier orteil dans l'eau vous comprenez pourquoi je parle de
mirage, la température est à peu près du même acabit qu'à
Tourcoing. Heureusement cette petite crique recèle d'autres attraits
dont un petit oiseau peu commun. Le « Little robin », un
petit passereau natif d'ici. Sa
particularité, un comportement beaucoup trop sociable, cet oiseau
n'a pas trop la notion du risque et il n'hésite pas à s'approcher
tout près de vous, poussé par la curiosité. Le nôtre a failli
grimper sur l'objectif de Quentin. Lorsque je me suis enfoncé dans
une cavité verdoyante en quête d'exploration au fond de la crique,
ce petit bout me talonnait de près comme un animal domestique. Trop
bon trop con, cet oiseau est victime de sa gentillesse en étant une
proie trop facile.
Nous
repartons vers la baie d'Anchorage et croisons plusieurs animaux.
Sommes nous chanceux ce jour-ci ? D'abord nous voyons de nouveau
un phoque dans les rochers à la pointe de l'île, mais on nous avait
rencardé sur le lieu alors ça ne compte pas vraiment. Pendant qu'on
ramait comme des esclaves à la botte des Romains, j'aperçus aussi un
drôle de truc marron à la surface de l'eau. C'était une pieuvre
d'une belle taille qui se promenait là. Curieux pour ce genre
d'animal plus à l'aise planqué dans les rochers au fond de l'eau.
Plus tard nous voyons aussi le petit penguin bleu de Nouvelle
Zélande. Il nageait là près de nous à une vitesse impressionnante.
Un vrai safari marin cette ballade en kayak. En début d'après midi
nous abandonnons notre radeau de fortune (oui ce n'est qu'un vulgaire
moulage en plastique) sur une grande plage d'Anchorage et empruntons
le chemin de randonnée pour rentrer. La ballade est agréable, pas
trop de dénivelé, des accès à des petites plages régulièrement
et des vues sur la mer qui rappellent les paysages de la Corse. Voilà
pour résumer, le parc National Abel Tasman c'est un peu la Corse
mais avec de l'eau froide et sans les fusillades.
Changement
radical de décor le lendemain puisque nous reprenons la route vers
les terres, plus au sud en direction du Nelson Lake. Très vite le
soleil laisse la place à un temps maussade et humide, un genre de
crachin Breton. Nous arrivons au fameux lac dans une atmosphère un
peu glauque typique du mois de Novembre. Mais peu importe, nous
enfilons les manteaux et tentons une petite ballade. Le lac est
encastré dans une vallée verdoyante, surplombé par le mont Robert,
un beau cailloux un peu désolé sur une face mais qui grâce à un
projet de revégétalisation a retrouvé ses couleurs. Nous campons
au bord du lac dans un camping très surveillé du DOC (Department of
Conservation). Le lieu est paisible car ce n'est finalement pas un
endroit très prisé, et l'abondance de sandfly ne doit pas arranger
les choses. On a peut être oublié de vous parler des sandfly car
nous n'avons pas eu affaire sérieusement à ces saloperies dans le
nord, mais cette fois-ci nous avons pu vivre l'expérience à fond.
Les sandfly ce sont des moucherons tout ce qu'il y a de plus communs.
Sauf que les femelles piquent. Et que les boutons peuvent rester
plusieurs semaines si vous vous laissez aller à quelques séances de
grattage intensif. A cet endroit c'était des nuages entiers qui
venaient s'éclater inlassablement sur nos pieds, puis sur nos
chevilles une fois les chaussures enfilées, puis sur nos mains et
notre visage quand nous étions intégralement recouvert. Ces
moucherons se laissent bêtement écraser contrairement aux
moustiques, mais ils reviennent sans cesse si bien que vous finissez
par abandonner. Heureusement lorsque la température tombe le soir ils
disparaissent pour revenir en pleine forme au petit matin sur les
coups de 8/9h.
Pas
mécontent de notre excursion, nous quittons cet endroit infesté de
sandfly pour nous diriger vers la côte Ouest, la ville de Wesport.
Pas grand chose à dire sur cette ville. Elle nous a fait l'effet
d'une zone sinistrée du nord de la France. Beaucoup de magasins
fermés ou à louer, une ambiance morne en plein après midi un
samedi et des zones résidentielles d'un calme plat tout autour.
Heureusement que nous avons décidé de marcher comme des benêts
jusqu'à la plage. C'est un vrai cimetière d'arbres mort qui nous a
acceuillis là bas. La végétation a du être balayée par une
tempête sur la côte un jour et depuis c'est un amas impressionnant
de bois flotté qui procure une ambiance étrange au lieu. Ces tas de
bois grisonnants et cet horizon infini sur la mer de Tasman nous
laissent quelques instants rêveur.
Nous
repartons le réservoir au quart plein en direction de Greymouth cette
fois-ci, qui est un peu plus au sud. Après 10km un panneau annonce qu'il n'y
aura pas de station essence durant les prochains 90km. Nous faisons
demi tour et allons faire le plein à Wesport pour éviter le drame.
Merci panneau, merci. Suite de la descente vers Christchurch au
prochain article.
Texte : Alex ; Photos : Quentin
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