samedi 8 mars 2014

Tour gratuit

2 commentaires:
 
Le réservoir gorgé de pétrole, on regagne l'autoroute A6 aux airs de national bretonne. Pas un nuage aux alentours et borne après borne, nous approchons de la West Coast. Si l'idée de la Californie vous a traversé l'esprit un instant, effacez tout de suite l'image du blond surfer et de cette croisette pour roller. La côte ouest en Nouvelle Zélande c'est une route sinueuse qui se fraye un passage entre la plus grosse chaîne de montagne du coin et la mer de Tasman, cernée par l'immensité de part et d'autre. Si bien que le regard a tendance à chercher le lointain, il se brise sur les Alpes qui s'amorcent à l'est et file à l'ouest sans trouver d'accroche. 




Le décor est sauvage, c'est Jurassic Park, sans risque de se faire digérer par un reptile, ou Seul au Monde avec la possibilité de rencontrer des humains. Quelques maisons de vacances se dispersent le long de la route mais dans la jungle pentue montée sur la roche, il est difficile d'y installer un nid. D'autant plus que cette bande étroite est sans cesse malmenée par les intempéries, les nuages bloqués au sommet déversent leur cargaison de flotte toute l'année. Et plus au sud, aux alentours de Fox Glacier, il pleut facilement un jour sur deux. Mmmh, nous n'irons pas. Sur notre itinéraire les criques désertes se succèdent, on voudrait couper le moteur à chaque bande d'arrêt d'urgence, pour profiter du tableau. Alors on choisi méthodiquement nos arrêts afin de se vautrer sur les plages comme des morses. Une sieste pour l'un, une chasse à la sterne pour l'autre.




Puis à mi parcours, on décide d'enfiler le rôle du bon touriste et nous pénétrons dans le chemin parfaitement balisé qui nous mènera aux célèbres pancakes rocks. Merveille géologique pour les passionnés de cailloux étrangements agencés, entre eux se jette des vagues qui font pousser quelques cris aux gens accoudés et des geysers se forment ici et là. Il en faut plus pour nous enraciner.




La seconde ville de la West Coast que nous traversons se nomme Greymouth, comme sa voisine, elle a subit le déclin industriel mais reste vaillante face au désert de ses rues. Nous y avons décelé un café rétro aux tables en teck et aux couvertures colorées qui grattent. On recule de quelques dizaines le temps d'un café. Avant de quitter la ville, nous ferons fièrement acquisition d'un double cd greatest hits de Eart Wind & Fire, les enceintes crachent alors que nous faisons chauffer la baraque à frites en direction des terres. 

Photo vite fait pour constater le vintage du lieu.



Je pourrais enchaîner sur un faux départ engagé sur des petites routes de gravelles, de gravas, de rochers,... mais passons sur l'épisode, il ne sera plus question des minuscules routes oranges sur la carte qui vous promettent un raccourci alléchant, plein de dépaysement. Un arrêt au lac Brunner, oublié des brochures de l'office du tourisme, pour se préparer psychologiquement au passage d'un col. C'est qu'on voit bien que le van manque un peu de patate dans les montées. Un moment paisible que seul 2 Wekas viennent perturber, à la recherche de nos restes d'omelette.




Nous pénétrons dans un nouveau Parc National, Arthur's Pass. Nous ne savons quasiment rien de cet endroit à part qu'il se situe dans une zone très montagneuse, l'idée nous a séduit, pas plus de questions, on entame la pente. La route a subit quelques améliorations récentes dont un superbe viaduc en béton d'une centaine de mètres. Nous on a Millau mais c'est pas grave. Ca ne change en rien le fait qu'il faut amener notre carcasse jusqu'en haut, et avec un panneau qui annonce les 16%, on a vite fait de repasser en seconde. Une brève pause pour calmer le ronronnement du moteur et nous soufflons lors de la descente. C'est alors que les arbres nous avalent, on s'enfonce dans un paysage à demi fermé, pas d'issue, les flancs abruptes sont couverts d'une forêt sombre. Il fait froid au village d'Arthur'pass, un vent glacial nous force à enfiler des couches de tissus supplémentaires et pas un rayon pour réchauffer la peau.
Aparté : c'est le quotidien en Nouvelle zélande, le temps change sans arrêt et jamais vous ne sortez sans un pull de secours. Entre ombre et lumière, les degrés se baladent et la sensation de chaud et de froid n'a pas de nuances, elle ne vous quitte pas de la journée. Fin de l'aparté.
Nous passons un instant dans le visitor center bondés de touristes, ils viennent s'informer des randonnées à faire dans le secteur quand ils ne sont pas uniquement là pour s'abriter. Le brouhaha est difficilement supportable, l'atmosphère est oppressante tant dehors que dedans. J'attrape un Kéa peu farouche et nous décidons de poursuivre la descente.

 


Les choses commencent à nous plaire quand enfin nous sortons du carcan forestier, la vue se dégage sur de grande plaines ou seul les hautes montagnes tapissent au loin le fond de la vallée. La journée n'est pas sur le point de finir que nous choisissons notre lieu de bivouac, sur une aire de camping gratuite, oui c'est possible, au bord d'un nouveau lac, du nom de Pearson. Et nous n'étions pas seul. Un groupe de jeunes allemands nous a rappelé quelques souvenirs, une voiture blanche de location et une tente pour 3. Je ne sais pas ce qu'il est advenu d'eux pendant la nuit où le vent a fait gigoter leur abri de fortune mais au petit matin leur emplacement était désert.




A notre tour nous quittons Pearson pour explorer le parc. Au premier arrêt notable, nous tentons l'approche d'une grotte qu'il serait possible d'emprunter pour ressortir 200 mètres plus loin. Mon collègue n'est pas très rassuré et malgré notre équipement lumineux, il nous manque un peu de matos pour pouvoir se tremper les jambes sans soucis. Tant pis pour cette fois. 





Au deuxième arrêt nous approchons d'un lieu prisé par les amoureux d'escalade, Castle Hill. Comme si un géant avait émietté une montagne au dessus de la colline, cet amoncellement de caillou polis par le temps est un véritable labyrinthe, avec un peu d'imagination, on se croirait dans un château naturel, aux innombrables pièces et couloirs. Il y a même un donjon imprenable au centre. Et les candidats à la prise de la forteresse sont nombreux, ils pratiquent le block, discipline qui consiste à grimper un bon gros caillou en quelques prises seulement, avec pour seul sécurité un ou deux matelas.




La contemplation terminé, nous glissons lentement vers les plaines de Canterbury en direction de sa capitale, Christchurch.

Texte et Photos : Quentin.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Marrants ces cailloux !

Benjamin Bournigal a dit…

De superbes couleurs capturées, tu as l'oeil hibou! ������

 
© 2012. Design by Main-Blogger - Blogger Template and Blogging Stuff